Rezension über:

Jim L. Bolton: Money in the Medieval English Economy, 973-1489 (= Manchester Medieval Studies), Manchester: Manchester University Press 2012, XVI + 320 S., ISBN 978-0-7190-5040-4, GBP 19,99
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Rezension von:
Sergio Boffa
Université Libre de Bruxelles
Redaktionelle Betreuung:
Ralf Lützelschwab
Empfohlene Zitierweise:
Sergio Boffa: Rezension von: Jim L. Bolton: Money in the Medieval English Economy, 973-1489, Manchester: Manchester University Press 2012, in: sehepunkte 15 (2015), Nr. 5 [15.05.2015], URL: https://www.sehepunkte.de
/2015/05/22573.html


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Jim L. Bolton: Money in the Medieval English Economy, 973-1489

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L'Angleterre fait figure à part dans l'histoire monétaire de l'Occident médiéval. D'une part, les témoignages métalliques sont nombreux et bien connus et, d'autre part, la richesse des archives est exceptionnelle. Il est donc possible d'étudier dans le détail et sur de longues périodes le rôle joué par la monnaie dans le développement économique de ce pays. De nombreux auteurs s'y sont essayés, mais leurs conclusions sont loin d'être concordantes.

J.L. Bolton se penche à son tour sur le sujet. Dans son travail, il présente de manière claire et objective les idées de ses prédécesseurs avant de les critiquer, de les approuver ou de les compléter en fonction des résultats de ses propres recherches - des recherches qui tentent de répondre à deux grandes questions:

1. À partir de quelle période peut-on considérer l'économie anglaise comme une véritable économie monétaire?

2. Quel est l'importance du rôle joué par les fluctuations de la masse monétaire dans l'économie?

L'ouvrage débute par une analyse critique de la théorie quantitative de la monnaie développée par Irwin Fisher (MV = PT ; M étant le stock de monnaie en circulation, V la vitesse de circulation de la monnaie, P le niveau des prix et T le volume des transactions). Bien qu'il souligne les limites de cette formule, l'auteur insiste sur son utilité et en fait un abondant usage dans le reste de son travail.

Il propose ensuite une définition de la monnaie, que l'on ne doit pas réduire aux seules espèces métalliques, décrit sa fabrication, sa mise en circulation, son retrait et sa refonte (renovatio monetae). Il aborde aussi d'autres aspects plus complexes comme l'apparition du bimétallisme or-argent et le développement du crédit. L'auteur s'intéresse enfin, dans un large chapitre, à la délicate et difficile opération de l'acquisition du billon. Il s'agissait d'une préoccupation majeure des souverains anglais puisque sans cette matière première, il leur était impossible de battre monnaies.

La seconde partie de ce travail présente les différents facteurs économiques et sociaux qui ont influencé la politique monétaire des souverains anglais ainsi que l'utilisation de la monnaie tant à la ville qu'à la campagne, par de grands négociants comme par de simples particuliers.

La période couverte par cette étude débute dans les années 970 lorsque le roi de Mercie Edgard ordonne la frappe d'un nouveau denier d'argent destiné à remplacer les nombreuses monnaies locales de très mauvaise qualité qui circulaient à l'époque. Elle se termine en 1489, lorsqu'Henri VII ordonne la frappe d'une pièce d'or ayant pour valeur une livre sterling (le sovereign).

L'auteur divise cette longue période en trois phases. La première (973-1158) est caractérisée par l'apparition d'une monnaie unique pour toute l'Angleterre, par un nombre important d'ateliers monétaires - on en dénombre plus de septante - et par de fréquents monnayages. La seconde (1158-1351) est témoin de grandes mutations. À la fin de celle-ci, nous rencontrons cinq espèces d'argent (groat, half groat, penny, half penny et farthing) et trois d'or (le noble, demi-noble et quart de noble). Seul trois ateliers, sous strict contrôle royal, restent en activité (Londres, Canterbury et Calais). La dernière phase (1351-1489) est une longue période de crises causées par les guerres et la maladie. L'absence de billon conduit à une absence de liquidité, surtout les petites dénominations comme l'half penny et le farthing. Le crédit, par contre, occupe une place de plus en plus importante dans les transactions financières.

Ce survol de l'histoire monétaire permet à J. L. Bolton d'affirmer que l'Angleterre a connu une économie monétisée (monetised economy) jusque dans la première moitié du XIIIe siècle. La monnaie est présente, elle sert de référence de valeur, mais ne circulant pas en assez grand nombre, elle n'est pas encore le principal moyen d'échange. Les paiements en nature et le troc jouent encore et toujours un rôle central dans l'économie. Il faut attendre la seconde moitié du XIIIe siècle pour assister à la naissance d'une véritable économie monétaire (money economy). Ce nouveau modèle économique sera soumis à de rudes épreuves au XVe siècle. La dépopulation, le bimétallisme, la famine de billon et la déflation monétaire menacent son existence. Heureusement, le développement du crédit et de ses outils administratifs lui permettent de survivre à cette longue crise.

L'auteur espère aussi avoir démontré que la masse monétaire joue un rôle primordial dans le fonctionnement de l'économie, un rôle bien plus important que celui qu'on lui attribuait habituellement. En effet, bien que ce soit l'explosion démographique des XIIe et XIIIe siècles qui conduit à l'apparition de l'économie monétaire, cette apparition n'aurait pas été possible si le stock de monnaie n'avait pu subvenir aux besoins grandissant du commerce.

L'ouvrage n'est pas sans défaut. Nous regrettons le choix d'avoir rejeté les notes en fin de chapitre. Cette disposition ne facilite pas la lecture d'un ouvrage à l'apparat critique relativement dense. Nous sommes aussi étonnés par l'absence d'une bibliographie générale reprenant tous les ouvrages mentionnés dans les notes. Le lecteur qui n'est pas familiarisé avec l'énorme production académique sur le sujet peine souvent lorsqu'il cherche la référence complète d'un article ou d'une monographie. L'auteur nous communique bien un lien internet où l'ensemble de sa bibliographie est disponible, mais cela nous condamne à consulter son travail aux abords d'un ordinateur.

Ces quelques imperfections, qui ne sont peut-être pas le fait de l'auteur, mais de son éditeur, n'enlève que peu de mérite à ce travail. S'il est nécessaire d'avoir déjà abordé le sujet afin de saisir toutes les nuances exprimées par J. L. Bolton, son langage clair et structuré permet aux novices de s'initier à de nombreuses problématiques qui hantent l'histoire monétaire et l'histoire économique du Moyen Âge. La lecture de cet ouvrage ne peut qu'être recommandée, que l'on soit numismate ou historien, professionnel ou amateur.

Sergio Boffa