Rezension über:

Katharina Wojciech: Die Stadtpräfektur im Prinzipat (= Antiquitas. Abhandlungen zur Alten Geschichte; Bd. 57), Bonn: Verlag Dr. Rudolf Habelt 2010, X + 402 S., ISBN 978-3-7749-3690-4, EUR 79,00
Inhaltsverzeichnis dieses Buches
Buch im KVK suchen

Rezension von:
Hélène Ménard
Département d'Histoire, Université Paul Valéry Montpellier 3
Redaktionelle Betreuung:
Matthias Haake
Empfohlene Zitierweise:
Hélène Ménard: Rezension von: Katharina Wojciech: Die Stadtpräfektur im Prinzipat, Bonn: Verlag Dr. Rudolf Habelt 2010, in: sehepunkte 12 (2012), Nr. 10 [15.10.2012], URL: https://www.sehepunkte.de
/2012/10/19706.html


Bitte geben Sie beim Zitieren dieser Rezension die exakte URL und das Datum Ihres Besuchs dieser Online-Adresse an.

Katharina Wojciech: Die Stadtpräfektur im Prinzipat

Textgröße: A A A

L'ouvrage proposé par Katharina Wojciech est issu de la thèse qu'elle a soutenue en 2008 à l'Université de Cologne. Son travail s'inscrit dans un contexte scientifique de publication de travaux parallèles sur la préfecture urbaine, en particulier celui de Sebastian Ruciński (Université de Bydgoszcz, Pologne), autre thèse publiée en polonais, dont une courte - et malheureusement assez fautive - traduction française (Praefectus Urbi. Le Gardien de l'ordre public à Rome sous le Haut-Empire romain, 2009) est disponible sur Internet
(http://ukw.academia.edu/SebastianRucinski/Books/1735934/Praefectus_Urbi._Le_Gardien_de_lordre_public_a_Rome_sous_le_Haut-Empire_Romain).

Le livre est divisé en 6 chapitres. Après avoir évoqué la mise en place de la préfecture urbaine et défini les limites territoriales de la compétence du préfet, K. Wojciech le définit comme gardien de l'ordre, notamment par la surveillance de certaines catégories de populations (acteurs, magiciens et astrologues, associations, chrétiens, entre autres). Le chapitre le plus développé est consacré aux compétences juridictionnelles du préfet de la Ville (75-162), complété par un chapitre sur la surveillance du marché (transactions monétaires, contrôle des poids et des mesures). Le dernier chapitre détaille le personnel attaché à ce service urbain. En annexe se trouvent les notices prosopographiques des préfets de la Ville jusqu'en 289, année à partir de laquelle nous disposons de la prosopographie d'André Chastagnol (253-360). Ce riche appendice est présenté selon les normes habituelles à la prosopographie, avec les extraits des sources littéraires et quelques documents épigraphiques mentionnant le préfet concerné, puis un commentaire et enfin les références bibliographiques afférentes. Soixante-quinze notices sont ainsi présentées.

L'auteur souligne la difficulté inhérente aux sources pour saisir le processus de mise en place et les étapes du développement de cette fonction. Elle propose d'ailleurs une analyse précise des sources littéraires, historiques comme poétiques (Stace et Juvénal en particulier) et bien sûr des sources juridiques, le Digeste essentiellement. L'auteur prend scrupuleusement en compte les différentes hypothèses développées par les chercheurs, dont elle expose successivement les contradictions.

D'après K. Wojciech, la préfecture de la Ville, en tant que fonction nouvelle et permanente, ne date pas de l'époque augustéenne, mais du règne de Tibère. Le premier préfet, Lucius Calpurnius Piso, entre en charge à une date inconnue mais meurt en fonction en 32 ap. J.-C. Elle souligne l'importance de l'époque sévérienne dans notre connaissance de cette fonction. Les limites territoriales de la compétence du préfet de la Ville sont alors fixées: jusqu'aux cent milles entourant la Ville, limite au-delà de laquelle commence la juridiction des préfets du Prétoire. L'auteur pose le problème de l'articulation des compétences des magistrats municipaux avec les préfets romains.

Sont également abordées les fonctions du préfet de la Ville: «die Sorge für die Stadt Rom (cura urbis)» (45), à commencer dans le domaine du maintien de l'ordre.

Après avoir évoqué le rôle des cohortes urbaines, notamment par rapport aux autres troupes composant la garnison urbaine, en particulier les cohortes prétoriennes, l'auteur s'attache à la disciplina spectaculorum, principal domaine d'action des urbaniciani. Elle mentionne également la surveillance de certaines catégories, comme les acteurs, les associations (collegia), mais aussi les devins, magiciens, astrologues ou encore philosophes, susceptibles à différents titres de perturber l'ordre public. A partir de 64 et de l'incendie de Rome, apparaît également dans les sources, un groupe désormais distinct de la communauté juive: les chrétiens. Néanmoins, c'est à partir de la seconde moitié du IIIe siècle que le conflit entre les communautés chrétiennes et l'État romain prend de l'importance. Les procès tenus devant le tribunal des préfets de la Ville, Lollius Urbicus, Iunius Rusticus et Seius Fuscianus, à l'époque antonine, sont en particulier étudiés. Le travail est fouillé. On pourra toutefois noter que l'historiographie française a également apporté sa contribution à une réflexion sur des points abordés par K. Wojciech, notamment les travaux d'Anne Daguet-Gagey sur la genèse et le fonctionnement de l'administration urbaine, ceux de Yann Rivière sur la prison ou encore l'ouvrage de l'auteur de ce compte rendu (Maintenir l'ordre à Rome, IIe-IVe siècles ap. J.-C. ), Seyssel, Champ Vallon, 2004).

Le point le plus original - également le plus développé de l'ouvrage - concerne la compétence juridictionnelle du préfet de la Ville. Ulpien, dans son Liber de officio praefecti urbi, le présente dans le cadre de la procédure cognitoire. Au IIIe s., il constitue en effet l'une des instances judiciaires les plus importantes à Rome. L'auteur montre comment cela résulte d'une lente évolution, en concurrence avec d'autres instances (quaestiones, autres préfets) - dont elle tente de reconstituer les étapes depuis le règne de Tibère. L'intervention du préfet dans les cas de maltraitance d'esclaves par leurs maîtres, de relations adultères entre esclave et personne libre, ou encore dans les rapports entre parents par le biais de la tutelle et de la curatelle, se comprend comme un moyen de maintenir l'ordre social. La régulation économique, à travers la surveillance du marché, entre également dans le champ des compétences du préfet de la Ville, des activités propres aux argentarii et aux nummularii, jusqu'au contrôle des poids et mesures, en passant par l'approvisionnement en viandes ou le commerce du vin.

Pour faire face à ces tâches multiples, le préfet de la Ville dispose d'un personnel spécialisé, à commencer par les cohortes urbaines, dont la structure est exposée de façon classique. La seconde composante du personnel attaché à la préfecture urbaine est l'officium, dont il reste difficile de proposer une vue d'ensemble de son organisation, faute de sources suffisantes. Des principales (cornicularii, commentarienses et beneficiarii) ainsi que des licteurs sont au service du préfet de la Ville, dont l'officium présente ainsi un caractère militaire avéré. Enfin le préfet de la Ville fait également appel à un consilium.

À la lecture de l'ouvrage, on peut penser que le but de l'auteur («...ein detailliertes Bild vom Zweck, Wesen und Bedeutung der Funktion zu schaffen, um eine adäquate Einordnung der Rolle der praefecti urbi in stadtrömischem Verwaltungssystem vornehmen zu können», 245) est atteint: ce livre permet en effet d'apprécier la mise en place progressive d'une charge essentielle àl'administration de la Ville durant l'époque impériale.

Hélène Ménard