Matthias Becker: Eunapios aus Sardes. Biographien über Philosophen und Sophisten. Einleitung, Übersetzung, Kommentar (= Roma Aeterna; Bd. 1), Stuttgart: Franz Steiner Verlag 2013, 667 S., ISBN 978-3-515-10303-9, EUR 82,00
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Les Vies des philosophes et des sophistes d'Eunape de Sarde (vers 347-après 414) attirent depuis longtemps l'attention des savants. Non seulement les historiens de la philosophie et de la culture de l'Antiquité tardive, mais aussi ceux qui s'occupent de la civilisation et des évenements politiques de cette époque y trouvent des précieux renseignements, parfois uniques.
La tradition des Vies des philosophes et des sophistes se fonde essentiellement sur le seul manuscrit de la Bibliothèque Laurentienne de Florence (plut. 86.7, daté du XIIe siècle), ce qui rend beaucoup plus difficile l'établissement du texte et oblige l'éditeur à recourir souvent à l'art de la conjecture ou à essayer de défendre habilement la leçon transmise en tenant compte de l''usus scribendi' de l'auteur. Dans des cas semblables tout article, note ou étude visant à éclaircir l'un ou l'autre des points du texte controversés ou de difficile interprétation sont bienvenus.
Les Vies des philosophes et des sophistes, dont on attend avec impatience la nouvelle édition critique (suivie d'une traduction française largement annotée) de R. Goulet, qui remplacera celle désormais vieillie de G. Giangrande (1956), ont déjà fait récemment l'objet d'un commentaire minutieux et érudit, accompagné d'une traduction italienne, de M. Civiletti (2007).
Matthias Becker a relevé le défi d'en écrire un nouveau commentaire. Il s'agit de la version abrégée et révisée de sa thèse de doctorat soutenue à Tübingen fin 2011. Comme tout premier travail scientifique, celui-ci aussi présente des points faibles et en particulier son excessive longueur. En même temps, il a néanmois le mérite d'avoir réuni une quantité impressionnante de données dont l'utilité pour ceux qui s'occupent d'Eunape et de la culture de l'Antiquité tardive est indéniable. On se trouve devant un livre destiné plus qu'à une lecture continue, à une consultation ponctuelle dans le but d'élucider des points obscurs et controversés ou d'avoir une idée précise de l'état de la recherche sur des questions spécifiques. Ce qui n'est pas, bien entendu, un reproche.
Le volume se décline en trois parties: une introduction, la traduction et le commentaire. Le texte est traduit et commenté en entier, pour la première fois, en langue allemande.
L'introduction (13-77) s'ouvre par quelques pages sur l'état de la recherche concernant Eunape et ses Vies des philosophes et des sophistes (13-23). Becker y passe en revue les éditions de l'œuvre depuis celle de Boissonade, accompagnée du commentaire partiel de Wyttenbach (1849, 1878), jusqu'à celle de Giangrande ainsi que les traductions, les commentaires et les études les plus remarquables. Il s'arrête ensuite sur les quatre critères de sa lecture des Vies des philosophes et des sophistes (24-25): 1. "Ich verstehe die Biographien über Philosophen und Sophisten in Übereinstimmung mit Tendenzen neuerer Forschungen als ein Zeugnis paganer Hagiographie"; 2. "Eng verbunden mit dem hagiographischen Diskurs ist die Auseinandersetzung mit dem Christentum, die Eunapios selbst durch seine polemische Tendenz provoziert"; 3. "Sodann hat die Biographiensammlung des Eunapios ihrer festen Platz im Ensemble der kaiserzeitlichen bzw. spätantiken Philosophenbiographien [...] Meine Kommentierung macht dort, wo der Wortlaut des Eunapios es nahelegt, auf literarische und inhaltliche Parallelen zu dieser Textgattung aufmerksam"; 4. "Neben der hagiographischen Intention des Eunapios sind die Biographien über Philosophen und Sophisten meines Erachtens auch als ein Dokument zu lesen, in dem ein bestimmter Intellektuellentypus entworfen wird".
Dans la deuxième partie de l'Introduction (25-51), Becker prend en considération les données biographiques sur Eunape, son milieu intellectuel, ses intérêts pour la medécine et son activité d'écrivain; il analyse ensuite la datation des Vies des philosophes et des sophistes, leurs sources orales et écrites, leur contenu; il s'arrête enfin sur les personnages absents de la narration d'Eunape; sur le genre littéraire de l'œuvre et sur la périodisation de l'histoire de la philosophie qu'elle propose ainsi que sur le milieu intellectuel grec dans lequel elle se place.
Dans la troisième partie (51-77), Becker aborde la question si l'on peut considérer les 'VPS' comme un témoignage de l'hagiographie païenne et, plus en particulier, il se pose la question si l'on peut interpréter la biographie des philosophes comme une forme d'hagiographie; il discute des portraits des philosophes dans les Vies des philosophes et des sophistes en tant qu'icones littéraires et essaye de reconstruire le débat instauré par Eunape avec le Christianisme.
La traduction (78-143) se base sur le texte de Giangrande qui n'est pas reproduit, mais qui est cité en suivant sa pagination. La lecture de la traduction est facilitée par la division des Vies des philosophes et des sophistes en cinq sections: un prologue (§ 1-2), la première partie des biographies des philosophes néoplatoniciens (§ 3-8: Plotin, Porphyre, Jamblique et Alypius, Aidésios, Maxime, Priscus), suivie de celles des sophistes (§ 9-18: Julien, Prohérésius, Épiphane, Diophante, Sopolis, Himérius, Parnasius, Libanius, Akakios et Nymphidianus), des iatrosophistes (§ 19-22: Zénon, Magnus, Oribase, Ionicus et Théon) et enfin de la deuxième partie des philosophes (§ 23-24: Chrysanthe, Épigonus et Veronicianus). Certaines vies englobent d'autres unités biographiques plus brèves de personnages qui ont fréquenté les protagonistes principaux du récit.
Le commentaire occupe le reste du volume (144-569). Becker suit la division en sections de la traduction et, à l'intérieur de chaque partie, il ajoute des subdivisions ultérieures qui correspondent au développement du récit et aident le lecteur à mieux se repérer. Les lemmes tirés du texte suivent la numérotation des pages et de lignes de l'édition de Giangrande. Toutes les biographies sont introduites par une présentation succincte du personnage à partir des caractéristiques du profil qu'Eunape en a brossé: par exemple, Plotin (169), Porphyre (175-176), Jamblique (207-208); les sophistes Julien (417) et Prohérésios (430). Mis à part ces rares éléments de synthèse, le commentaire maintient sa structure ponctuellement analytique décomposant la narration des Vies des philosophes et des sophistes phrase par phrase. Becker cherche à ne laisser sans réponse aucun problème, et cela qu'il s'agisse de difficultés de traduction, d'interprétation, de langue. Les résultats payent le long travail de recherche de Becker, et tout lecteur lui sera reconnaissant des soins qu'il a prodigués aux Vies des philosophes et des sophistes afin de les rendre accessibles grâce à sa traduction et à son commentaire.
La bibliographie (570-618) est impressionnante et permet de prendre le pouls de l'intérêt que les Vies des philosophes et des sophistes ont depuis toujours suscité.
Plusieurs index fort utiles suivent (619-667): index d'un choix des passages cités et discutés, index des noms anciens, des lieux géographiques et des sujets.
Il y a des questions sur lesquelles on peut ne pas être d'accord; on peut trouver aussi des lacunes ou souhaiter, généralement, l'application d'une autre méthode. La lecture des pages de ce commentaire prouve pourtant qu'il s'agit d'un outil de travail de bonne qualité scientifique et de grande utilité.
Tiziano Dorandi