Benedikt Eckhardt (ed.): Jewish Identity and Politics between the Maccabees and Bar Kokhba. Groups, Normativity, and Rituals (= Supplements to the Journal for the Study of Judaism; Vol. 155), Leiden / Boston: Brill 2012, X + 282 S., ISBN 978-90-04-21046-2, EUR 105,00
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Benedikt Eckhardt: Ethnos und Herrschaft. Politische Figurationen judäischer Identität von Antiochos III. bis Herodes I., Berlin: De Gruyter 2013
Kimberley Czajkowski / Benedikt Eckhardt: Herod in History. Nicolaus of Damascus and the Augustan Context, Oxford: Oxford University Press 2021
Benedikt Eckhardt: Romanisierung und Verbrüderung. Das Vereinswesen im Römischen Reich, Berlin: De Gruyter 2021
L'ouvrage que nous retraçons ici constitue les actes d'un colloque intitulé: "Groupes, normativité et rituels. L'identité juive et la politique depuis les Maccabées jusqu'à Bar Kokhba", lequel eut lieu à l'université de Münster le 18 et 19 Novembre 2009.
David Goodblatt débute ce recueil d'articles, en montrant la pertinence de la terminologie biblique, concernant l'auto-désignation identitaire des contemporains. Il fait, en outre, un tour d'horizon des variétés de l'identité juive existant en Judée depuis la fin de l'époque séleucide jusqu'au soulèvement de Bar-Kokhba. Arie van der Kooij analyse, pour sa part, l'usage de traductions grecques de la Bible, pour légitimer la place de la classe dirigeante en Israël. Ces deux contributions illustrent l'importance de l'étude de la terminologie dans le but de mieux saisir le poids des débats sur les différentes interactions entre identités et politiques engagées. Les manuscrits de la Mer Morte sont aussi examinés en rapport avec les théories identitaires et politiques. Ainsi, Jodi Magness et Hannah Harrington, mettent en exergue plusieurs caractéristiques de l'identité sectaire entre la conception théorique et la mise en pratique rituelle. Magness compare les mesures d'hygiène corporelle et de pureté rituelle en vogue chez les Romains, au sein du second temple de Jérusalem et pour finir le tout, avec le milieu qumranien. Cette étude lui permet notamment de mettre en évidence les marques identitaires entre les différents milieux sociaux. Harrington traite, quant à elle, de la question en analysant 1QS où elle tente de dévoiler l'entrelacs et les points de jonction entre normes et rituels, ainsi que la portée du social sur la politique. Benedikt Eckhardt a, non seulement édité l'ouvrage que nous retraçons, rédigé son excellente introduction, mais il est également l'auteur de l'un des articles du livre, traitant du rôle joué par Hérode en tant que "demi-Juif". Après avoir récapitulé brièvement l'histoire des Iduméens, celle des Hasmonéens et l'importance croissante de la circoncision, l'auteur montre que les critères d'adhésion et d'appartenance à la maison d'Israël, évoluèrent en fonction de soubresauts historiques visant à redéfinir à chaque période la légitimité d'un nouveau leadership. Le point décisif de ce passage est précisément décelable dans la notion de "demi-Juif". Adam Marshak et Linda-Marie Günther prouvent la nécessité de relier l'étude des phénomènes identitaires, notamment la notion d'Iduméanisme, afin de comprendre historiquement les remaniements politiques, du Ier siècle avant notre ère, à l'époque de Jean Hyrcan II (Marshak) ainsi qu'à la période hérodienne (Günther). La conquête de la Judée par Rome en 63 avant notre ère, conduisit, lentement mais sûrement, à la romanisation des identités juives, tout particulièrement chez les derniers Hérodiens. Julia Wilker, tente dans son article, de mettre à profit la narration de Flavius Josèphe, pour parvenir à identifier sociologiquement le profil de communautés juives restées fidèles au pouvoir romain durant la Grande Révolte (66-73/4). Concernant l'identité des Juifs diasporiques, on retiendra l'approche de Clemens Leonhard, lequel dresse le tableau des fêtes juives ainsi que celui de leur contexte politique et culturel dans le monde romain. Il traite notamment de la question des influences politiques sur la commémoration de ces fêtes et du problème de caractérisation de la notion de "Judaisme" en dehors de la Judée, après la destruction du second temple en 70, voire au contact du "Christianisme". Günter Stemberger et Korbinian Spann traitent, quant à eux, de la reconstruction du Judaïsme dans les écrits tannaïtiques d'après 70 (ou 135). Stemberger focalise son approche sur les questions politiques qui furent à la base des interdictions rabbiniques concernant la nourriture des Gentils tandis que Spann traite de cet aspect vis-à-vis de la politisation de la pratique de la circoncision, depuis les Hasmonéens jusqu'aux temps rabbiniques.
De très nombreux travaux ont, dans un passé récent, étudié les questions identitaires ayant trait à la définition de la judéité, voire de la judaïcité. Ceci dit, les aspects politiques y furent presque systématiquement négligés. Or, l'intérêt novateur du présent ouvrage réside précisément dans l'articulation d'une nouvelle équation, associant étroitement politique et identité juive, le tout, sur fond de retournements historiques. Ceci rend ce bel ouvrage indispensable, à celles et ceux, qui s'intéressent de près à la signification historique de l'identité juive au tournant de l'ère chrétienne.
Emmanuel Friedheim