Rezension über:

Christine Ferlampin-Acher / Fabienne Pomel (éds.): Encyclopédique Moyen Âge. Mélanges en l'honneur de Denis Hüe (= Rencontres; 488), Paris: Classiques Garnier 2021, 524 S., ISBN 978-2-406-11106-1, EUR 48,00
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Rezension von:
Bénédicte Sère
Université Paris Nanterre
Redaktionelle Betreuung:
Ralf Lützelschwab
Empfohlene Zitierweise:
Bénédicte Sère: Rezension von: Christine Ferlampin-Acher / Fabienne Pomel (éds.): Encyclopédique Moyen Âge. Mélanges en l'honneur de Denis Hüe, Paris: Classiques Garnier 2021, in: sehepunkte 22 (2022), Nr. 7/8 [15.07.2022], URL: https://www.sehepunkte.de
/2022/07/35988.html


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Christine Ferlampin-Acher / Fabienne Pomel (éds.): Encyclopédique Moyen Âge

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Le présent volume se place sous les auspices de l'encyclopédisme. Son titre le dit, Encyclopédique Moyen Âge, titre qui ne rend encore pas assez compte de l'envergure des sujets envisagés, lesquels débordent le Moyen Âge. C'est que les quelque 35 contributions du volume rendent, chacune à leur manière, hommage à l'esprit universel de Denie Hüe à qui le volume est dédié. Mieux, chacune des contributions illustre un des visages du médiéviste dans la diversité de son savoir et dans l'étendue de sa géographie. Étudiant à Aix-en-Provence en effet, Denis Hüe se spécialise en doctorat sur Rouen et enseigne ensuite une grande partie de sa carrière à Rennes (Rennes 2). Ses liens internationaux s'orientent naturellement vers l'Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada).

Structuré en cinq parties, l'ouvrage parcourt les principaux domaines d'expertise de Denis Hüe : I. Encyclopédies et encyclopédisme (des bestiaires à Flaubert et Baudelaire) ; II. Conceptions et avatars de la Vierge ; III. Jouer avec les mots, jouer avec les corps (le théâtre et les manifestations dramatiques) ; IV. Conter au Moyen Âge (le récit médiéval) ; V : Les longues vies du Moyen Âge ou la réception du Moyen Âge sur la longue durée.

Après l'introduction des deux éditrices du volume, Christine Ferlampin-Acher et Fabienne Pomel, le dédicataire prend la plume dans un article inaugural, « Le médiéviste et l'Eldorado ». Il y retrace son itinéraire personnel et intellectuel, ramasse les champs d'expertise qui sont les siens en littérature : moralités, mystères, poésie lyrique, liens entre savoir et société urbaine, piété mariale. Il a rédigé, rappelle-t-il, sa thèse de 3ème cycle sur Meschinot et sa thèse d'Etat sur La Poésie palinodique à Rouen à la fin du Moyen Âge et au début de la Renaissance. Intarissable dans son encyclopédisme et sa production, il a publié sur Rutebeuf (2006), Arthur (2009), Lancelot (2010), Amadas et Ydoine (2020). L'essentiel de ses directions d'ouvrages cible l'encyclopédisme, entre de nombreux titres aux Cahiers Diderot : L'Encylopédie (1988), L'encyclopédisme (1989), Nature et encyclopédies (1992), Sciences, techniques et encyclopédies (1993), Discours, et savoirs, encylopédies médiévales (1998), L'Autre et Encyclopédies (2000), Petit trésor encyclopédique (2000), Le XVIIe siècle encyclopédique (2001), Images et encyclopédies (2004).

L'on retrouve alors ces centres d'intérêts dans la palette des contributions ici présentes : les bestiaires (Danièle James-Raoul), le Mesnagier de Paris (Karin Ueltschi), le Livre du trésor de Latini (Bernard Ribémont), d'une part, mais aussi la vie de la Vierge de Wace (Françoise Laurent), Les Miracles de Notre-Dame de Gautier de Coinci et d'Adgar (Jean-Louis Benoît), le roman de saint Fanuel (Françoise Le Saux), le roman des fils du roi Constant (Anne Berthelot), les enluminures des Heures de la Vierge (Huguette Legros), les Enfants-sans-soucy (Jelle Koopmans), les Conards de Rouen (Katell Lavéant), la Farce de Maître Pathelin (Lukas Ovrom), la Farce des pates-ouaintes (Stéphane Laîné), la Résurrection d'Angers (Véronique Dominguez), le Triomphe des Normands (Corinne Denoyelle et Estelle Doudet), Raoul de Cambrai (Philip E. Bennett), L'Âtre périlleux (Laurence Mathey-Maille), Les Grandes Croniques de Bretaigne d'Alain Bouchart (Jane H. M. Taylor).

La force du volume est de déborder l'époque médiévale en embrassant le temps long de la littérature. D'où un magnifique article de Steve Murphy sur le Homais de Madame Bovary, une contribution de Georges Kliebenstein sur Baudelaire et une autre de Jérôme de Gramont sur Pierre Probst, le dessinateur des Martine. Patricia Victorin disserte quant à elle sur la présence de Renart dans l'école de la troisième République. Elisabeth Lavezzi évoque l'architecte du XVIIIe siècle Soufflot. Fabienne Pomel clôt le volume par un bel exemple d'intermédialité entre La Farce de Maître Pathelin et la BD de David Prudhomme. L'adaptation contemporaine maintient l'esprit satirique de la farce médiévale.

C'est dire à quel point la littérature médiévale est honorée dans ce volume, par la figure de son passeur, Denis Hüe, à la manière des troubadours du temps.

Bénédicte Sère