Rezension über:

Anthony Kaldellis / Marion Kruse: The Field Armies of the East Roman Empire, 361-630, Cambridge: Cambridge University Press 2023, XVIII + 205 S., ISBN 978-1-009-29694-6, GBP 85,00
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Rezension von:
Yann Le Bohec
UFR d'Histoire, Université Paris IV - Sorbonne
Redaktionelle Betreuung:
Matthias Haake
Empfohlene Zitierweise:
Yann Le Bohec: Rezension von: Anthony Kaldellis / Marion Kruse: The Field Armies of the East Roman Empire, 361-630, Cambridge: Cambridge University Press 2023, in: sehepunkte 24 (2024), Nr. 3 [15.03.2024], URL: https://www.sehepunkte.de
/2024/03/38637.html


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Anthony Kaldellis / Marion Kruse: The Field Armies of the East Roman Empire, 361-630

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Anthony Kaldellis et Marion Kruse ont écrit là un bon livre. Le plan est clair, parce qu'il est très chronologique, et donc il se suit aisément. Ce choix n'est pas incompatible avec une vraie érudition, très présente ; les notes, bien que relativement concises, prouvent leur culture historique, ainsi que la bibliographie finale, elle aussi pourtant de dimensions raisonnables. Ces deux auteurs manifestent un esprit très critique, ce qui n'est pas déplaisant : ils défendent une thèse. Le livre proprement dit compte un peu plus de cent pages, et il est suivi par quatre appendices, une bibliographie et un index.

Les auteurs ont consacré leur enquête à l'étude des armées de campagnes, comme l'indique le titre, mais en les liant toujours à leur commandement supérieur, aux différents magistri considérés dans tous les cas comme des indicateurs de la composition des troupes placées sous leurs ordres.

Le premier chapitre, qui couvre les années 361 à 395, rappelle d'abord la théorie traditionnelle qui va être mise à mal : le haut commandement a été réorganisé par Dioclétien et il n'a pas été modifié jusqu'au temps de Julien; la période suivante a été marquée par des modifications, peut-être œuvres de Théodose Ier. Kaldellis et Kruse pensent que ce schéma doit être revu, notamment parce que la partie de la Notitia Dignitatum qui est consacrée à l'Orient ne peut pas être antérieure aux années 440, comme le montrent les titres des généraux, les magistri (nous n'aimons pas trop la traduction de cette appellation par "masters" ou "maîtres": Latomus, 74, 1, 2015, 214-217). Sous Théodose Ier , les magistri utriusque militiae ont remplacé les magistri equitum et peditum.

L'émergence tardive d'un système en Orient, celui qui apparaît dans la Notitia Dignitatum, ne s'est en fait produite que plus tard, comme l'expose le chapitre 2: le schéma de Dioclétien comprenait cinq armées commandées par des magistri militum per Illyricum, per Thraciam et per Orientem, et il n'a pas été modifiée parce que, de 401 à 440, la situation générale a été assez paisible. Ce fut l'arrivée d'Attila sur le Danube, en 446, qui imposa une réorganisation du commandement et des unités. Les sources sont malheureusement peu prolixes à ce sujet; mais, disent les auteurs, cette chronologie est celle qui convient le mieux.

C'est la phase "classique" des armées d'Orient qui, au chapitre 3, couvre les années 450 à 506. L'irruption d'Attila, abordée au chapitre 2, imposa la création de deux armées et de deux magistri, l'un per Illyricum, l'autre per Thraciam. En 472, sans doute, sont encore attestés des magistri militum praesentales, "présents" (à la cour), ainsi que per Orientem et per Illyricum. À partir de 492, il y a encore des unités dites praesentales, notamment en Orient et en Égypte; mais, globalement, les effectifs diminuent. C'est seulement à ce moment que les unités de la Notitia Dignitatum sont bien attestées en Orient; il est vrai que le silence de l'épigraphie impose, à notre avis, une relative prudence.

À partir du début du VIe siècle, commence le déclin de l'armée d'Orient, comme on le voit au chapitre 4. L'empire romain, en effet, doit se défendre sur deux fronts: après les Huns, l'Iran (appelé "les Perses"). Sont attestés dans les Balkans des magistri militum tout court, d'autres per Illyricum et per Thraciam et même, après la révolte et la victoire de Vitalianus, de nouveau des praesentales.

Une grande attention est logiquement portée au règne de Justinien, empereur de 527 à 565. Pour résoudre les problèmes orientaux, on vit apparaître des magistri militum per Armeniam, Pontum Polemiacum et gentes. La révolte Nika fut réprimée en partie grâce à l'aide d'un magister militum per Illyricum. Mais, désormais, les armées se caractérisaient par des effectifs modestes: pour la reconquête de l'Afrique, Bélisaire, avec le titre de magister militum per Orientem, commandait 10000 fantassins et 5000 cavaliers. Au milieu du VIe siècle il n'y avait plus d'unités praesentales à Constantinople, et donc plus de magistri militum praesentales. Les auteurs, après une sévère critique d'Agathias, pensent que l'armée ne comptait plus guère que 70000 hommes vers 590. Et le déclin est également attesté sur le plan de la qualité.

Trois appendices présentent surtout des acteurs de ces drames: l'un est consacré au haut commandement à Andrinople en 378, où il y a eu moins de magistri militum qu'on ne l'a dit. Un autre revient sur ces généraux au temps de Théodose Ier; ils étaient une vingtaine. En troisième lieu, on s'attache aux fastes des praesentales, qui font connaître une cinquantaine d'entre eux (151: important tableau révisé). Le quatrième appendice revient sur la date de la Notitia Dignitatum, qui doit être repoussée de 395 aux années 440 pour les auteurs. Cette datation impose de revoir les études consacrées à la Dalmatie, au Pont, à la Macédoine Salutaris et aux correctores.

Nous n'avons qu'une petite réserve à formuler: la conclusion est trop longue et des éléments qui s'y trouvent, par exemple sur le rôle de l'économie, auraient eu leur place dans les chapitres antérieurs. De même, une partie des appendices y auraient été bienvenus. Mais, comme nous l'avons dit, c'est un bon livre, qui soutient une thèse et suscitera la polémique.

Yann Le Bohec